FRED HERSCH – BREATH BY BREATH

« J’ai grandi en écoutant des quatuors à cordes en tant que très jeune musicien à Cincinnati. Mon professeur de piano était l’épouse du violoncelliste du célèbre Quatuor LaSalle. J’avais l’habitude de m’allonger sur le tapis dans leur salon en tant qu’élève du primaire pendant qu’ils répétaient, en suivant tranquillement, en entendant comment la partie d’alto s’emboîtait avec le premier violon, ou le deuxième violon et le violoncelle. Et depuis que j’ai commencé à étudier la composition à l’âge de huit ans, la quasi-totalité de ma musique s’est toujours concentrée sur quatre parties mélodiques – les quatuors à cordes sont donc une configuration musicale naturelle pour moi.

«  Pali sati » signifie « pleine conscience » ou « conscience ». 

Tout au long des 18 mois d’impermanence collective, j’ai trouvé refuge dans la pratique de la méditation – pour « détendre, autoriser et observer » mes habitudes mentales qui apparaissent et disparaissent – principalement la saisie, l’aversion et le retour à des habitudes déplacées. Les retraites silencieuses, à domicile, en ligne ou en groupes, m’ont beaucoup soutenu. J’ai trouvé la force de rester dans le présent et comprendre que la majorité des événements du monde sont hors de mon contrôle. Cette pratique m’a aidé à vivre ces expériences au lieu d’y réagir, sans subir les vents contraires du monde : plaisir et douleur, perte et gain,  gloire et honte, louange et blâme.

Chaque mouvement de la suite Sati est inspiré d’un aspect de ma longue pratique de la méditation Vipassana, et en est le reflet musical. Certains titres sont évidents, je souhaite en expliciter quelques-uns :
« Know That You Are » est l’une des instructions les plus élémentaires : « Lorsque vous vous asseyez, sachez que vous êtes assis ». 

« Monkey Mind » traduit le bavardage mental discursif qui se produit souvent au cours de la méditation.

« Rising, Falling » se rapporte aux mouvements de la poitrine, qui est mon ancre de méditation ; la ligne de basse monte et descend tout au long du morceau. Le dieu « Mara » tenta Bouddha avec du vin, des femmes et des richesses alors qu’il essayait d’atteindre l’illumination sous l’arbre Bodhi. 

« Begin Again » vient d’une autre instruction : « Lorsque votre esprit vagabonde, connectez- vous simplement à la sensation de votre respiration – et recommencez ».  

Fred Hersch

J’espère que vous prendrez le temps d’écouter la suite dans son intégralité – pas si facile quand nous vivons dans un monde de distractions apparemment urgentes et d’extraits sonores. Ce fut une joie de créer cette musique et je vous souhaite sincèrement un cœur éveillé, la paix et l’équanimité ».

Fred Hersch, septembre 2021