09 Fév TCHAVOLO SCHMITT – MIRI CHTERNA
Tchavolo Schmitt : guitare
Julien Cattiaux : guitare
Edouard Pennes : contrebasse
50 ans nous séparent de la disparition de Django Reinhardt et son héritage musical reste toujours aussi essentiel au jazz.
Depuis, de nombreuses générations ont repris le flambeau de cet illustre héros pour tenter de repousser les frontières d’une musique aujourd’hui centenaire. La musique de Django puise son inspiration dans de nombreux mélanges.
On y trouve du jazz américain, la culture de la valse, des chansons populaires du tournant du XXeme siècle, l’héritage des accordéonistes et du bal populaire et un souffle porté par une population nomade qui a fait de la musique un élément vital de sa culture.
Aujourd’hui et comme dans tout ce qui touche au jazz… le jazz gitan a su se révolutionner tout en cultivant son histoire et en restant populaire.
On a vu débarquer des génies de la guitare, des jeunes passionnés par cet héritage, on a fini par entendre cette musique partout et Sanseverino ou Thomas Dutronc ont su populariser cet art de la « six cordes », qui méritait un large public.
Au milieu de ce brouhaha, Charles « Tchavolo » Schmitt est une référence, c’est un repère. Il personnifie un art oublié. Une « manière » qu’on pensait à jamais perdue dans les méandres de l’histoire du jazz. Écouter Tchavolo, c’est se faufiler dans les ruelles des Puces.
C’est partir en Alsace dans une famille où l’on joue comme on respire. C’est la France des années 50, les petits cafés de la Porte de Montreuil ou la mythique Chope des Puces à Saint-Ouen. Là où sa réputation l’avait précédé.
C’est une époque où jouer de la guitare est une affaire d’âme et de justesse de propos.
Ici, pas de bla-bla, pas de prouesses, mais l’obligation d’ouvrir son cœur à chaque note, à chaque attaque de médiator. C’est comme ça, que Tchavolo a appris et c’est ce qu’il joue, chaque seconde de sa vie.
Alors, évidemment, on le ramène souvent à ses collaborations avec le cinéaste Tony Gatlif qui a su voir, dans le guitariste, toute cette poésie. Mais ce serait oublier trop vite, son art inouï de la mélodie, son coup de médiator et son placement métronomique.
Tchavolo Shmitt joue cette musique d’une manière qui n’existe plus aujourd’hui. Il est le dernier héros d’une tradition qui place l’émotion avant tout. Chaque note est pesée, choisie, maitrisée. Alors, dans cette session improvisée tout a été simple.
Édouard Pennes, homme aux très nombreux talents, s’est décidé à produire ce disque en 24 petites heures. Les planètes étaient alignées, jusqu’à la miraculeuse disponibilité du (très prisé) Studio Ferber. L’excellent Julien Cattiaux est à la guitare rythmique. On sait son talent pour créer la meilleure des assises. Avec la contrebasse d’Edouard, Ils forment un duo redoutable. Il ne suffisait plus qu’une liste de 9 titres dont un magnifique « J’Attendrai » avec un quatuor à cordes… et nous voilà avec cette précieuse galette. Elle respire la joie de se retrouver enfin après deux longues années à attendre. C’est une trace unique pour Tchavolo Schmitt qui se présente sans artifice devant vous. Écouter la poésie de son discours, sa franchise à l’état brut qui fait de lui le plus sincère des disciples du grand maître Django… son étoile, en langue gitane, on dit « Miri Chterna ».