DAN TEPFER – INVENTIONS / REINVENTIONS

DAN TEPFER – INVENTIONS / REINVENTIONS

Dan Tepfer : Piano

Plus de 10 ans après son album encensé par la critique et le public Goldberg Variations / Variations (2011), le pianiste Dan Tepfer nous offre une nouvelle exploration de Bach où se mélangent interprétation et improvisation. Sur Inventions / Reinventions, qui sortira chez StorySound Records le 17 mars 2023, Tepfer interprète chacune des 15 inventions de Bach et improvise ses propres inventions, jouées dans les «tonalités» manquantes, parvenant ainsi à créer un nouveau cycle complet en 24 tonalités pour le moins enivrant.

Il y a tout juste 300 ans, en 1723, Johann Sebastian Bach composait ses Inventions en guise d’exercices d’entraînement à destination de son fils aîné, Wilhelm Friedemann Bach. Tout en restant des études essentielles pour les musiciens en développement, ces pièces sont également appréciées depuis longtemps par des générations de mélomanes attentifs aux enregistrements de pianistes emblématiques allant de Marcelle Meyer et Glenn Gould à András Schiff et Angela Hewitt. Pour le pianiste Dan Tepfer, J.S. Bach fait figure de point de repère depuis qu’il l’a entendu enfant, pour la première fois, sur un disque de Gould. Le compositeur s’est intégré naturellement à ses autres premières inspirations que sont les Beatles ou encore Thelonious Monk.

Né à Paris, le pianiste américain a baigné dans la musique, avec une mère chanteuse à l’Opéra de Paris et un grand- père pianiste de jazz. Il commence des études de piano classique à l’âge de 6 ans au Conservatoire de Paris- Paul Dukas. Mais, né pour mélanger et associer les deux hémisphères de son cerveau avec un équilibre rare, il opte pour un chemin plus sinueux, et obtient d’abord un diplôme en astrophysique à l’Université d’Édimbourg en Écosse. Après avoir beaucoup joué sur la scène jazz à l’université et même joui d’un bref passage en qualité de chef d’opéra, il est diplômé en 2005 du New England Conservatory de Boston, complétant sa maîtrise sous la direction de Danilo Perez. Les enregistrements salués, les performances primées, les collaborations aventureuses et les innovations technologiques – à l’instar de son projet Natural Machines en 2018 – qui ont suivi n’ont fait que renforcer son image, son caractère et ses allures de penseur ambitieux, conduisant Télérama à le qualifier d’artiste «qui refuse de se fixer des limites».

Bien que connu principalement en tant que pianiste de jazz – on pense évidemment à son trio et sa collaboration de longue date avec Lee Konitz – Tepfer s’est octroyé une renommée plus globale en 2011 avec son album Goldberg Variations / Variations, une entreprise unique qui l’a vu jouer le chef-d’œuvre baroque de Bach en entier, et improviser ses propres variations sur les variations du compositeur. L’album s’est rapidement fait une place dans le Billboard de la musique classique et a recueilli des critiques élogieuses de toute part, permettant à Tepfer de se produire dans de nombreuses salles prestigieuses aux quatre coins de la planète.

Aujourd’hui, le pianiste présente une deuxième, et distincte, exploration de Bach Inventions / Reinventions, qu’il a conçue et enregistrée lui-même lors de sessions nocturnes dans un petit salon situé non loin de l’appartement parisien où il a grandi.

Au sujet des différences fondamentales entre ses Goldberg Variations / Variations et ce nouvel album Tepfer déclare : «S’ils peuvent sembler similaires à première vue, un mélange de Bach et d’improvisation, ces deux albums impliquent des concepts radicalement différents. Pour les ‘Goldbergs’, je jouais chacune des variations de Bach telles qu’elles étaient écrites, puis je réagissais à des éléments spécifiques au sein de ses variations, improvisant toujours à l’intérieur du cadre préexistant que Bach avait mis en place. Les «Inventions» sont tout autre chose. Il s’agit bien de la musique de Bach, mais il s’agit aussi d’improvisation libre. J’improvise le cadre, en me basant sur un aperçu du fonctionnement narratif du Bach, mais avec des idées et conceptions spécifiques et personnelles.»

«En étudiant les Inventions, j’ai réalisé que Bach utilisait la même structure classique en trois actes que les écrivains depuis la Grèce Antique», poursuit Tepfer. «Dans les différentes Inventions, le protagoniste est une sorte d’idée musicale, qui est souvent, un thème mélodique. Au premier acte, nous rencontrons notre héros, l’idée musicale, dans la tonalité principale, la tonalité «maison» un lieu de sécurité. Puis, soudain, notre héros est propulsé dans un environnement étranger, une nouvelle tonalité. On comprend intuitivement que notre héros n’est plus en sécurité et on se demande s’il finira par rentrer chez lui. C’est le début du deuxième acte, et notre inquiétude pour le héros fait office ici de véritable tonalité narrative, puisque nous voilà désormais investis dans le dénouement. Mais ce n’est pas si simple de rentrer à la maison. Notre héros rencontrera bon nombre d’embûches sur le chemin. Ce deuxième acte est une quête, où le héros se lance dans une folle aventure harmonique par l’intermédiaire de tonalités étrangères. Bien sûr, le troisième acte est synonyme de retour à la maison. Mais nous avons grandi et appris en cours de route. Ce qui est étonnant, c’est que Bach fait tout cela en quelques minutes seulement. Ces pièces sont totalement fascinantes dans la façon dont il transmet un récit musical dense en si peu de temps.»

«Avec les ‘Goldbergs’, mes improvisations consistaient essentiellement à jouer sur des changements d’accords, ce que les musiciens de jazz font tous les jours», ajoute Tepfer. «Mais avec les Inventions, je réagis à quelque chose de plus abstrait, à la façon dont Bach aborde la narration. Les thèmes de mes improvisations, sur cet album, viennent sur le moment. Elles seront différentes à chaque représentation. Et, pour être clair, je n’essaie pas de sonner comme Bach quand j’improvise, pas du tout. J’essaie d’utiliser les mécanismes fondamentaux de l’harmonie tonale comme l’a fait Bach, mais dans l’improvisation libre. Le projet Inventions / Reinventions, en surface, est peut-être moins épique que les Variations / Variations Goldberg, mais il est beaucoup plus exigeant pour moi en tant qu’improvisateur, car je crée toutes mes improvisations à partir de rien. Egalement, si les Inventions sont beaucoup plus humbles que les Goldberg Variations, elles illustrent à merveille la différence entre surface et profondeur chez Bach. Elles peuvent paraître modestes à première vue, pourtant les mécanismes derrière sont très puissants, et c’est tout là le propos du projet, ou du moins ce que j’essaye de démontrer.»

Tepfer n’est sûrement pas étranger à l’improvisation, comme en témoignent son album solo Twelve Free Improvisations in Twelve Keys (2009) ou encore ses collaborations sur scène avec le batteur Leon Parker et, bien sûr, sur disque avec le pianiste Lee Konitz (Duos With Lee, 2009 & Decade, 2018) qui relevaient principalement basées sur l’improvisation libre. Aujourd’hui, grâce à son travail colossal autour des Inventions de Bach et de la méthode de narration musicale du compositeur relevant de l’harmonie tonale, Tepfer a découvert une voie plus sûre pour créer ce qu’il décrit comme «des aventures harmoniques convaincantes en temps réel – libres et spontanées, sans idées préconçues».

Jouer du Bach et ses propres improvisations libres relève du voyage intérieur pour Tepfer, un voyage dans lequel il espère embarquer les auditeurs. Il espère également que ces mêmes auditeurs ressentent «une continuité de l’expérience musicale». «Le classique et le jazz, que beaucoup considèrent comme étant très éloignés, sont pour moi les deux faces d’une même pièce. Il peut y avoir différents placages à la surface, mais les mécanismes mélodiques, harmoniques et rythmiques sous-jacents sont très similaires. Lorsque les gens entendront de la musique composée il y a 300 ans juxtaposée à de la musique qui vient d’être improvisée au 21e siècle, j’espère qu’ils ressentiront la parenté entre les deux. En fin de compte, je crois n’avoir jamais été aussi d’accord ave Duke Ellington sur le fait qu’il n’y a que deux types de musique, «la bonne et l’autre».

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