LE BAL DES PHILOSOPHES – SIMONE WEIL

LE BAL DES PHILOSOPHES – SIMONE WEIL

SIX PENSEURS QUI ONT FAIT LE XXe SIÈCLE

Présenté par Martin LEGROS

Piano : Pierre-François BLANCHARD

Six lectures participatives de petits extraits décisifs des grands textes philosophiques du XXe siècle, de NIETZSCHE à SARTRE, accompagnés de musique improvisée. Pour se coltiner en direct et de manière vivante aux grands moments de la philosophie.

Après une courte introduction qui présente le philosophe et l’œuvre du jour, on lit ensemble, ligne à ligne, le texte en essayant d’en comprendre les articulations fondamentales mais aussi les questions qu’il soulève. Tout au long de la séance, Martin Legros incite le public à réagir au texte pour en interroger le sens.

Philosophe et journaliste, Martin Legros est rédacteur en chef de Philosophie magazine et de Philomag.comIl est l’auteur de Pantopie (Le Pommier), entretiens avec Michel Serres et de Que faire ? Dialogue entre Alain Badiou et Marcel Gauchet (Philosophie magazine Editions), il dirige la collection 20 Penseurs (Philosophie magazine Editeur).

 
En partenariat avec PHILOSOPHIE MAGAZINE

Simone Weil : Prendre soin de l’attention (à l’âge des écrans).  

Dans un exposé écrit, en 1942, un an avant sa mort à Londres, où elle a rejoint la résistance, la philosophe Simone Weil (1909 – 1943), auteur de La pesanteur et la grâce, propose une nouvelle définition de l’attention, comme ouverture de l’esprit et attente indéterminée.  Elle en fait le socle de la relation éthique autant que de l’apprentissage. A l’heure où les écrans cherchent à capter, du réveil au coucher et dès le plus jeune âge, ce bien très précieux, l’avertissement de Simone Weil n’a jamais été aussi actuelle : il faut préserver notre attention. 

« L’attention est un effort, le plus grand des efforts peut-être, mais c’est un effort négatif. Par lui-même il ne comporte pas la fatigue. Quand la fatigue se fait sentir, l’attention n’est presque plus possible, à moins qu’on soit déjà bien exercé ; il vaut mieux alors s’abandonner, chercher une détente, puis un peu plus tard recommencer, se déprendre et se reprendre comme on inspire et expire. Vingt minutes d’attention intense et sans fatigue valent infiniment mieux que trois heures de cette application aux sourcils froncés qui fait dire avec le sentiment du devoir accompli : « J’ai bien travaillé. »

Mais, malgré l’apparence, c’est aussi beaucoup plus difficile. Il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention beaucoup plus violemment que la chair ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C’est pourquoi toutes les fois qu’on fait vraiment attention, on détruit du mal en soi. Si on fait attention avec cette intention, un quart d’heure d’attention vaut beaucoup de bonnes œuvres.

L’attention consiste à suspendre sa pensée, à la laisser disponible, vide et pénétrable à l’objet, à maintenir en soi-même à proximité de la pensée, mais à un niveau inférieur et sans contact avec elle, les diverses connaissances acquises qu’on est forcé d’utiliser. La pensée doit être, à toutes les pensées particulières et déjà formées, comme un homme sur une montagne qui, regardant devant lui, aperçoit en même temps sous lui, mais sans les regarder, beaucoup de forêts et de plaines. Et surtout la pensée doit être vide, en attente, ne rien chercher, mais être prête à recevoir dans sa vérité nue l’objet qui va y pénétrer […]

Les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés, mais attendus. Car l’homme ne peut pas les trouver par ses propres forces, et s’il se met à leur recherche, il trouvera à la place des faux biens dont il ne saura pas discerner la fausseté.

La solution d’un problème de géométrie n’est pas en elle-même un bien précieux, mais la même loi s’applique aussi à elle, car elle est l’image d’un bien précieux. Étant un petit fragment de vérité particulière, elle est une image pure de la Vérité unique, éternelle et vivante, cette Vérité qui a dit un jour d’une voix humaine : « Je suis la vérité. »

Pensé ainsi, tout exercice scolaire ressemble à un sacrement. […]

24/9  Jean-Paul Sartre  « L’enfer, c’est les autres ! » Vraiment ?
12/11  Nietzsche  « Dieu est mort. Et c’est nous qui l’avons tué ». Qu’est-ce que le nihilisme ?
10/12 Hannah Arendt – Le mystère de l’autorité
14/1  Maurice Merleau-Ponty – Est-ce que j’ai ou est-ce que je suis mon corps?
11/2  Martin Heidegger – L’animal a-t-il un monde?
25/3 Simone Weil – Prendre soin de l’attention à l’âge des écrans
Conférence

Infos

  • 25 mars 2025
  • mardi, 19:00 à 20:30

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