MOVIES & GYPSIES

MOVIES & GYPSIES

Pierre Blanchard

Metropole Orkest & Quintet

Arranger, c’est déranger. Pour son 6e disque en leader, Movies & Gypsies, le violoniste, compositeur et arrangeur Pierre Blanchard déstructure des thèmes musicaux iconiques du cinéma, en leur prêtant le souffle du jazz manouche. The Godfather, Schindler’s List, Cinema Paradiso, The Thomas Crown affair… autant d’œuvres sonores majeures revisitées au cours des 12 titres de l’album, grâce à différents procédés. « Pour Schindler’s List, la mélodie originelle déployée sur une dizaine de notes a été étendue sur trois octaves, pour en décupler la puissance lyrique », illustre Pierre Blanchard.

« Quand je suis tout là-haut dans les aigus, j’improvise et redescends par palier sonore pour retrouver l’air authentique. »

Autre moyen pour déstructurer l’instrumentation : organiser un jeu de cache-cache entre la mélodie d’origine et les temps d’improvisation. Le thème de référence s’efface pour laisser place à des chorus endiablés, avant de réapparaître par petites touches et s’affirmer, comme dans Godfather. Mais aussi dans I’m singing in the rain, où la composition de Nacio Herb Brown est noyée sous un torrent de notes bleues, qui charrient un sentiment d’allégresse. Aux oreilles, le violon soliste sautille, cabriole : on est emporté par le swing ; la chanson en sort dépoussiérée. Tout comme le thème de Love Story, détourné en bossa nova manouche. « Avec ce disque, j’ai tenté de faire du nouveau avec du vieux, en exploitant des pépites délaissées », résume Pierre Blanchard, qui a sélectionné les musiques de film au coup de cœur. « En particulier les airs oniriques, qui me transportent », précise-t-il.

Pour concrétiser son projet, l’artiste s’est entouré de musiciens chevronnés… venus nombreux ! Aussi bien en pointe avancée qu’en toile de fond sonore, le Metropole Orkest et ses 27 cordes composées de violons, altos et contrebasses -plus une clarinette- apporte chaleur et densité aux morceaux jazzés. « Le choix de cet ensemble capé, rare orchestre à l’aise dans pratiquement n’importe quel répertoire, était une évidence pour reprendre les standards du 7e art en version jazz », juge Pierre Blanchard. « L’un de mes objectifs était de créer un dialogue entre les solistes et la masse orchestrale, qui accroît l’intensité émotionnelle des différentes mélodies. » Frissons pendant la Liste de Schindler, quand les 27 cordes portent le violon soliste. En météores, les images noir et blanc du chef d’œuvre de Steven Spielberg filent sous les yeux.

En plus du Metropole Orkest, Pierre Blanchard peut aussi compter sur quatre acolytes de renom, avec lesquels il forme un quintet manouche (déjà vu dans le Django AllStars). Samson Schmitt, à la guitare soliste, régale avec ses phrasés virtuoses, quand Ludovic Beier, à l’accordina, instrument hybride entre l’accordéon et l’harmonica, tutoie les doigtés d’un Toots Thielemans. Philippe ‘Doudou’ Cuillerier, à la guitare rythmique et Antonio Licusati, à la contrebasse, très convaincants, complètent le groupe.

Avec ces musiciens, Pierre Blanchard explore tout le spectre musical de son instrument. Dans Howl’s moving castle, (Le Château ambulant, du réalisateur Hayao Miyazaki) et Epilogue, l’ancien partenaire de jeu de Stéphane Grappelli descend d’une octave et livre une partition en violon ténor. Epilogue : un titre signature cher au violoniste, déjà entendu dans son 4e album Volutes, qui réunissait lui aussi quintet et orchestre -l’Arcollectiv’. Autre titre composé par Pierre Blanchard figurant dans son nouveau disque : Troublant Romeo, dans lequel les cordes du Metropole Orkest sonnent parfois comme des

vents. « Un effet produit quand on demande à un ensemble à cordes de ne pas vibrer les notes, aussi utilisé dans le titre Midnight in Paris », éclaire Pierre Blanchard. « Dans cet album, j’ai essayé d’exploiter toute la palette musicale des cordes, en proposant aussi des thèmes de mon cru capables de susciter des images à l’écoute, à l’instar des musiques de films. »

L’album est aussi l’occasion de rendre hommage à Stéphane Grappelli. Le premier morceau, Les Valseuses, reprend le thème imaginé par le père du violon jazz pour accompagner les images du film de Bertrand Blier. En quelques pizzicati apparaissent Miou Miou, Depardieu et Dewaere allant à sauts et à gambades. Décontractés du swing. « Chaque morceau est conçu comme une petite bombe émotionnelle », confie Pierre Blanchard. « Raison pour laquelle ils sont relativement courts. Une façon pour moi de revenir aux origines du jazz, quand les titres étaient brefs et percutants, comme dans l’album mythique Charlie Parker with Strings. »

Avec Movies & Gypsies, Pierre Blanchard livre un disque au croisement de multiples influences. On est parfois surpris, entre deux chorus syncopés, d’entendre des fragments musicaux dignes d’orchestres symphoniques classiques. « Je suis un enfant de Fip, qui passe aussi bien du groove, que de la pop ou de la musique classique », revendique-t-il. « Pour cet album, le jazz manouche a la part belle. Mais je voulais aussi fondre dans un seul projet, des musiques qui m’élèvent depuis toujours. »

Jazz

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  • 24 mars 2023
  • vendredi, 20:00 à 22:00

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